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PROTECTION DES CAPTAGES D'EAU Grincements de dents dans les campagnes

Des agriculteurs créent des associations pour défendre leurs positions face aux collectivités et agences de l'eau.

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D ans le Calvados, nous estimons à 75 000 ha la surface agricole concernée par des mesures de protection ou de préservation autour des captages d'eau potable », proteste Clotilde Harau, à l'origine de la création de l'association Captages 14 en février 2010. Elle rassemble 350 éleveurs, céréaliers et propriétaires du département. Productrice de lait en Gaec avec son frère, elle s'inquiète pour l'avenir de son exploitation.

Au sud de Caen, à Moulines, 96 points de captages sont destinés à alimenter la ville. Une zone de protection de 1 800 ha est en discussion à l'intérieur de laquelle 90 ha sont particulièrement visés. « Le projet d'arrêté d'utilité publique prévoit la remise en herbe des parcelles cultivées et l'interdiction de retourner les prairies. Les 26 agriculteurs concernés ne sont pas contre mais pas à n'importe quelles conditions. » Ils s'insurgent contre l'interdiction d'y abreuver et d'affourager les animaux. « Cela revient à condamner toute utilisation agricole. » Pour Clotilde, le plus grave n'est pas là. Par l'interdiction de toute extension, l'arrêté figerait le développement des six sièges d'exploitation implantés dans cette zone.

Inquiétudes dans les bassins « Grenelle »

Captages 14 demande donc une indemnisation dès les premiers hectares impactés. À ces incertitudes s'ajoutent celles liées aux 507 captages classés prioritaires par le Grenelle de l'environnement, dont Moulines fait partie. Des programmes d'actions pour la préservation de la qualité de l'eau y sont en préparation et provoquent déjà des réactions. En Seine-Maritime, une association d'agriculteurs se crée autour du captage d'Héricourt-en-Caux. D'autres pourraient voir le jour. De quoi inquiéter les pouvoirs publics et les agences de l'eau.

« Nous suivons avec attention ce mouvement », confiait récemment l'une d'elles. C'est que l'Europe exige un bon état des eaux en 2015. Les résistances rencontrées d'ici là ralentiront le processus.

CLAIRE HUE

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